Non, il n’est pas question (pour le moment!) qu’au Québec, l’on change une énième fois de ministre de l’éducation (et des loisirs, sports, chasse et pêche) en peu de temps. Il ne sera pas non plus de réforme de l’éducation… Le français ? On en parlera plus tard…
C’est d’un tout autre remaniement dont il sera question ici.
On parlera plutôt d’un remaniement structurel du système québécois d’éducation.
Hier, la FQDE tenait une conférence de presse (à laquelle je fus même invité personnellement, à cause d’un ou deux écrits bloguesques sur la structure scolaire) sur l’avenir de plus en plus improbable de l’actuelle structure du système scolaire québécois, où l’école n’est même pas considérée, légalement parlant (Lire le message du président, Serge Morin).
À la FQDE, on propose donc (voir les 5 propositions ici) de donner plus d’autonomie (et donc de pouvoir?) aux écoles, sans abolir les Commissions scolaires (abolition = solution simpliste introduisant vraisemblablement plus de problèmes que de solutions en bout de ligne), celles-ci jouant un rôle plus accessoire au plan de l’éducation comme telle, mais conservant leur rôle essentiel de gestion des infrastructures et du transport scolaire, par exemple (Regroupement de services pour plusieurs écoles, économies d’échelle, etc.)
Incluse parmi les propositions, celle (la 4e) souhaitant que les conventions collectives soient elles aussi remaniées, puisqu’elles deviendraient rapidement caduques dans une telle nouvelle structure plus décentralisée. Intéressant ! Juste à la façon d’appréhender comment une entente pourrait bien survenir entre les syndicats et la FQDE sur ce plan… Incompatibilités réconciliables ? J’ose croire que oui… car le statu quo ne saurait durer éternellement devant l’évolution rapide dans laquelle nous vivons…
Mais j’ai de gros doutes. Des doutes énormes, même. La structure syndicale est parfois aussi souple que celle des commissions scolaires, i.e. difficilement adaptable. La structure syndicale saura s’ajuster si et seulement si les enseignants qui en sont la base, sont majoritairement pour un réajustement. C’est son modus operandi.
De plus, il faudra prévoir un mécanisme (pas trop lourd à administrer, svp!) prévenant les abus de pouvoir de la part des directions d’écoles. Si les écoles ont plus d’autonomie et plus de pouvoir, il faudra prévoir des mécanismes de régulation de ces pouvoirs, sinon : abus garantis. Trop d’exemples me viennent tristement en mémoire, surtout pour l’embauche de personnes. On voit parfois à l’oeuvre, en certains lieux, de véritables petits tyrans qui font leur trip de pouvoir. Un free-for-all d’insécurité serait tout aussi indésirable que la protection d’incompétence dont se font parfois accuser les instances syndicales…
Également à prendre en considération, une façon intelligente de donner du pouvoir (ou mieux, favoriser la collaboration) aux parents. Il ne faut pas que certaines personnes se fassent valoir coûte que coûte dans un petit trip de pouvoir à une réunion quelconque. Ce genre de pouvoir apparait selon moi quand la structure le favorise. Il disparait ou apparait beaucoup plus difficilement lorsque la structure de gérance en place favorise une répartition intelligente des tâches de gestion et des prises de décisions.
Quant aux profs, il faudra leur faire une grande place dans cet organigramme nouveau. Ce sont eux qui sont au front et qui, actuellement, vivent avec une structure «pesante comme ça» au-dessus de leur tête. La lourdeur et l’enflure bureaucratique tuent les initiatives, retardent les réalisations, nous font vivre un siècle en retard. C’est mon opinion et je vous la partage aujourd’hui, en toute simplicité. (J’allais dire, en toute naïveté.)
J’ose donc espérer, encore, que nous saurons établir une saine gestion en toute collaboration, et non implanter une autre gestion dite participative, mais qui comprend souvent des consultations plus ou moins bidon, au pouvoirs trop limités pour que les participants aient vraiment l’impression de participer, justement.
Finalement, le modus vivandi de la nouvelle structure devrait être : pas de luttes de pouvoirs, mais plutôt un climat de collaboration véritable ! Changement de paradygme simple à énoncer, mais beaucoup plus difficile à implanter, car il implique un long changement de mentalité. J’espère juste vivre assez vieux pour pouvoir le voir de mon vivant… et même en faire partie !
Ajout :
À la suite de la lecture de la réaction de Réjean Parent dans le Devoir, réaction face aux remises en question de la réforme qui font jaser ces jours-ci, il me semble déjà relever quelqeus contradictions : il y parle de décentralisation du MELS vers les écoles, qu’il dénonce avec véhémence, réclamant un MELS fort, mais il souhaite du même souffle que les enseignants se réapproprie leur profession. Plutôt paradoxal comme discours, mon humble avis. À moins que j’aie mal compris.
Par contre, là où j’appuie, en principe, c’est lorsqu’on parle de compétition parfois outrancière entre les écoles, compétition qui mène parfois au cannibalisme (Ça, ce n’est pas dans le discours!). Tant d’énergies perdues, à mon avis. Si on bâtissait ensemble… Mais est-ce vraiment possible ?
Dans le cadre du plan sur le français de madame Courchesne, on comprend que les CS seront loin de disparaître.
Bâtir ensemble, en éducation? Utopique. Tant qu’à rêver, l’éducation (et la santé) ne devraient même pas être laissées aux mains des politiciens. On remplace le MElS par quoi? Hum…
Safwan, merci d’avoir mis en presque une seule phrase l’ensemble de toutes mes réserves… qui finissent mon texte un peu en vrac par une question à laquelle je n’ai pas de vraie réponse positive plausible.
Raymond Lévesque disait : «mais nous, nous serons morts, mon frère» !
:O)
Mais entretemps (ça fait drôle, la nouvelle orthographe – aucun lien avec la réforme chers lecteurs, puisque celle-ci date des années 90), je me dis aussi que si personne ne fait rien en se disant que ça ne donnera rien… eh bien il ne se passera rien !
Pas simple, hein ?
“Non, il n’est pas question (pour le moment!) qu’au Québec, l’on change une énième fois de ministre de l’éducation (et des loisirs, sports, chasse et pêche) en peu de temps”
Madame Courchesne a laissé entendre à la radio, (chez Christiane Charette, je crois) qu’elle quitterait la politique avant les prochaines élections, des obligations familiales l’y contraignant.
Jack, merci du tuyau qui, malheureusement, confirmerait que l’occupation de ce poste ministériel et l’«instrument-giratoire-ventilé-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom-en-Chambre» ont en commun une chose : le changement perpétuel…