Cette semaine, à Enjeux, on a pu voir un reportage sur le fameux mythe «Liberté 55»…
Personnellement, je n’ai rien contre le travail. J’ai commencé très tôt, même gratuitement. Il faut dire que mon père était gérant d’un commerce, ce qui a facilité mon intégration. Mais j’adorais aider et même, à 12 ans, «coacher» les nouveaux employés ! Dans la famille, le travail a toujours été valorisé et encouragé. Mon grand-père est mort à 80 ans et il a travaillé jusqu’à trois mois avant sa mort … et il aimait ça ! (Aspect très important de toute tâche)
Il faut que les gens soient occupés quand vient le temps de la retraite, je n’en doute aucunement. Les retraités vont souvent retourner sur le marché du travail, mais à un rythme moindre que celui qu’ils avaient à 30, 40 ou même 50 ans. Et c’est normal, à mon avis.
Ceci dit, même si je suis on ne peut plus d’accord avec Félix Leclerc quand il dit “La meilleure façon de tuer un homme, c’est de le payer à ne rien faire”, je pense que «Liberté 85» est nettement exagéré. On doit pouvoir profiter un peu plus de la vie à un certain âge… avant que la santé ne nous quitte définitivement.
Comme enseignant, je me vois mal enseigner au secondaire jusqu’à 65 ou 70 ans, alors encore moins à 85 ans. Tous les enseignants que j’ai connus et qui dépassent 60 ans sont rapidement fatigués, voire écrasés par la lourdeur de la tâche. (Tâche qui s’est pas mal alourdie depuis les 15 dernières années, si je compare mes débuts avec maintenant : et pourtant, je ne suis pas vieux !)
Alors si on veut encourager le travail dans notre société sur une plus longue période de temps, et nous faire travailler plus (dixit Lucien Bouchard) ou mieux (dixit Bernard Landry), il faudra réaménager sérieusement les possibilités d’emploi pour certains secteurs où le besoin d’être assez vif et alerte est absolument nécessaire, etc.* Bref, on devra avoir des emplois qui tiennent compte de la capacité réduite avec l’âge. (Et des horaires réduits également !) Car, bien qu’on ait augmenté la longévité de beaucoup depuis quelques décennies, on n’a pas augmenté d’autant la qualité de vie pendant ces années de plus… Il reste beaucoup de progrès à faire en santé, notamment.
*J’ajouterais aussi que, si on veut nous faire travailler mieux, il faudrait peut-être nous outiller un peu mieux, surtout dans les écoles où les ordinateurs du plan Marois tombent en décrépitude et nuisent considérablement à la productivité. Mais ça, c’est une autre histoire…
Bien dit, Sylvain. La grande inconnue, pour moi, c’est le temps pendant lequel les jeunes d’aujourd’hui vont résister à l’usure de la charge de travail qui n’a fait que s’alourdir ces dernières années. Ceux de ma génération ont appris à s’adapter au fil des ans, l’expérience aidant. Mais personnellement, je ne crois pas que je serais le même aujourd’hui si j’avais eu à supporter pendant toutes années une charge aussi démentielle.
Au train où vont les choses, de deux choses l’une. Ou bien les jeunes enseignants vont craquer, comme c’est d’ailleurs le cas de plusieurs, ou bien ils vont se replier sur une apathie professionnelle, par instinct de survie. D’une façon ou d’une autre, cela n’augure rien de bon.