Petite bombe médiatique dans le milieu de l’enseignement aujourd’hui : des parents retirent leur enfant de son école après que celui-ci ait été supposément enfermé pendant cinq semaines par son enseignante. Vite, on réclame la démission de l’enseignante et de la directrice de cette école ! (Une poursuite avec ça ? – sport national des Américains qui est en train de drôlement se répandre chez nous aussi : malheureux ou pathétique.)
Conférence de presse du directeur général de la Commission scolaire où est située cette classe : les parents ont tout faux ! Des mesures ont été proposées plusieurs fois à leur enfant en difficulté d’apprentissage ET de comportement. Les parents ont fait arrêter par deux fois ces mesures visant à aider l’enfant. Le coin de retrait où l’enfant a été placé quelques fois pour d’assez brefs moments est un coin d’arrêt d’agir, nécessaire pour quiconque ne peut plus s’arrêter, nuisant ainsi au fonctionnement de l’ensemble de la classe et à l’ensemble des autres élèves, etc.
Bref, deux versions très contradictoires…
Ce que j’en pense : c’est dur d’enseigner, de gérer une classe de 25 à 35 élèves, selon qu’on enseigne au primaire ou au secondaire. L’arrêt d’agir est une mesure pratiquée partout : la sorte de coin de réflexion varie d’un endroit à l’autre, mais ça se ressemble pas mal au bout du compte. À la maison aussi, l’arrêt d’agir existe. Qui n’a pas envoyé un enfant réfléchir dans sa chambre dans telle ou telle situation ? (Même Dre Nadia préconise le recours à cette mesure à l’occasion !)
Cet après-midi, l’argumentaire du DG de la Commission scolaire était essentiellement basé sur des faits, alors que celui des parents semble aveuglé par la quasi-déification de leur enfant (J’exagère un peu, mais vous voyez ce que je veux dire…)
Avoir des parents lucides et collaborateurs, c’est tellement plaisant quand on est enseignant et qu’on peut viser ensemble le bien de l’enfant. Je pense ici à plusieurs parents avec qui je peux collaborer ainsi chaque année…
Par contre, il demeure toujours très difficile d’avoir des parents aveuglés par leur enfant, qu’ils considèrent comme un roi tout-puissant qui est si bon, si fin, si gentil, si intelligent, si … parfait !
Je ne sais pas tout de la situation évoquée aujourd’hui, mais elle a suscité cette réflexion chez moi.
Bien sûr, je m’attendais à ce que le syndicat défende bec et ongles l’enseignante impliquée : normal, presque pléonasmique ! Mais j’ai été plus (agréablement) surpris par la prise de position claire du dirigeant de commission scolaire, une prise de position marquée par la cohérence des propos.
Finalement, je me suis mis à penser à l’enseignante que je ne connais pas : une débutante, mais qui est compétente, selon les dires de la conférence de presse. Une débutante… Pauvre fille ! Elle y aura goûté à la dure en tout début de carrière. Paraît qu’elle vit cela difficilement, selon ce qu’on en a dit : normal, presque pléonamique ! Après ça, on se demandera peut-être pourquoi tant de nouveaux enseignants décrochent dans les 5 premières années de carrière… Je lui souhaite de pouvoir continuer, après le choc et les contrecoups inévitables. Je lui souhaite de pouvoir reconquérir la confiance en soi qui risque d’être sérieusement ébranlée par ce dur épisode. Je lui souhaite d’être épaulée, par ses pairs, par les siens, et par la direction. C’est dans des cas semblables qu’on a besoin de tous les appuis possibles. Et ceux de la direction sont ici essentiels.
La direction ne doit pas se mettre à avoir une peur maladive de tout ce qui s’appelle parents moins collaborateurs, elle doit mettre ses culottes et ne pas courber l’échine et, par-dessus tout, chercher la vérité et rétablir l’équilibre des propos, quels qu’ils soient et peu importe d’où ils viennent (des parents, d’un enseignant, des élèves, etc.)