“Crisera-t-on, crisera-t-on pas ?” Il n’y a pas si longtemps, on se posait la question. Les USA allaient mal, les hypothèques hypothétiquement non fiables ont fini par avoir raison de certaines banques… Seulement ces hypothèques ? Sûrement pas. Trop simple, voire simpliste !
Peu importe les raisons de la crise, le Canada a fini par entrer dans la danse, malgré tous les bulletins météo gonflés à l’hélium des campagnes électorales automnales que nous ont servi nos clowns-présentateurs-météo-politiciens. C’est que, pour se faire élire, tout politicien qui veut vraiment faire partie du prochain gouvernement se doit de vouloir vendre sa mère au plus offrant. Les principes, c’est bons pour les théories seulement. Les convictions, c’est pour les rêveurs, pas pour les personnes désirant le pouvoir… Dans l’action, tous les coups sont permis, incluant surtout les manques de vision à moyen et long terme. Un terme ne dépasse que très rarement 4 ans de toutes façons, alors aussi bien en PROFITER. Et s’il dépasse 4 ans, on sait pertinemment que le gouvernement qui étire son mandat est sûr de NE PAS se faire réélire, alors… aussi bien en PROFITER !
Le PROFIT, c’est bien ce qui mène le tout. Et si ce profit peut être à (assez) court terme, tant mieux.
Je n’ai rien contre le profit. Une entreprise qui n’est pas profitable est normalement condamnée à plus ou moins longue échéance. Il faut une certaine rentabilité. MAIS pas à n’importe quel prix. Le prix humain est un prix que l’on se doit de refuser de payer… Facile à dire, vraiment pas facile à faire en cette ère de mondialisation dans laquelle on ne sait pas toujours ce qui se passe au fin fond des choses… ou à l’autre bout du globe. L’ère de l’information dans laquelle on se trouve aide un peu à savoir certaines choses, mais qui contrôle vraiment l’information saura empêcher certaines noirceurs de parvenir à la lumière du jour !
En ces temps de crise, plusieurs seront tentés d’accentuer cette obsession du profit rapide s’il est possible. À preuve, même si l’entreprise va mal, certains dirigeants vraiment peu scrupuleux (on peut d’ailleurs se questionner sur leurs véritables motivations) se sauvent en courant avec des primes exagérées qu’on n’osait pas questionner en temps de prospérité, mais qu’ENFIN on questionne en ces temps de crise. Il est simplement scandaleux que des dirigeants empochent des millions sans aucune gêne tandis que leurs entreprises bénéficient d’une (trop!) large aide gouvernementale financée par tous les cons (tribuables) que nous sommes sur cette planète. Certains cadres de la firme AIG ont fini par accepter de remettre une partie de ces primes faramineuses. Une partie seulement, sûrement question d’acheter une paix médiatique pour mettre les projecteurs sur d’autres personnes…
Parenthèse ici pour rappeler l’inquiétude qui règne en temps de crise : le cas de la Caisse de dépôt. Tout le monde sait maintenant que la Caisse a été mal gérée, nonobstant ce que tenteront de nous dire les grands bonzes qui l’ont dirigée ou qui ont siégé à son CA. On gérait quelque chose de plus ou moins intangible, les fameux PCAA – papiers commerciaux qui ne sont que du vent spéculatif sur lesquels on érige à coups de millions ou de milliards des échaffaudages dignes de la pire des fictions, le tout pour tenter de s’enrichir le plus rapidement possible grâce, justement, à cette spéculation qui surévalue souvent un truc ou l’autre… (Depuis, on a aussi su récemment que le Mouvement Desjardins s’est lui aussi un peu trop précipité dans cette aventure, au détriment des ristournes aux petits membres que nous sommes.) Ah, les bulles financières, proches de la chimère absolue, et sur laquelle on base trop de choses qui sont réelles en bout de ligne, comme notre petit-minuscule-liliputien portefeuille !
Encore une fois, qui va payer pour les pertes encourues par la SAAQ, la Régie des Rentes et autres fonds de pension qui étaient dépendants des résultats de la Caisse de Dépôt : encore une fois les cons (tribuables) que nous sommes, et ce, en plus des (trop) larges primes de départ indécentes des dirigeants partis en courant, abandonnant le navire qui coule, comme des rats fuyant la catastrophe ! GRRR !
Et là, on sait de jour en jour qu’on entre un peu plus profondément dans une crise dont on ne prévoit même plus la fin… ou du moins, qu’on prévoit pour de plus en plus tard que prévu au moment du début de “la tempête”…
Que faire pour un gouvernement à ce moment, dans ses budgets ? Serrer la ceinture, bien sûr, mais toujours celle des contribuables que nous sommes… Normal, c’est “notre” gouvernement, me direz-vous, et avec raison, puisque nous sommes en démocratie.
Il est donc normal de vivre des coupures, mais encore là, pas n’importe lesquelles.
Là où je me refuserai toujours de voir des coupures, c’est en éducation. S’il y a une place où il ne faut pas couper, c’est sur l’avenir même de notre société. On peut réduire certaines dépenses inutiles, même en éducation, mais encore faut-il s’entendre sur la définition d’inutilité ! Et c’est là que le bât blesse souvent.
Dernier exemple en date d’aujourd’hui : le MELS vient de décider, et ce sans aucun appel d’offres, que toutes les écoles et CS devront se munir, au prix de 733$ la licence d’utilisation (!), du la suite BUREAUtique Office 2007, alors que de plus en plus d’organismes gouvernementaux ailleurs se tournent vers les solutions libres pour ce faire… En plus, avouons ici qu’investir massivement de telles sommes dans une suite bureautique est une perte de temps, d’argent, d’énergies et de ressources des plus navrantes.
SVP, peut-on dire à ces décideurs des ministères qu’il faut se concentrer sur DEMAIN, et ce, encore plus en temps de crise économique où les décisions doivent réfléter un minimum de compétence et de clairvoyance ? Solliciter l’avis d’experts AVANT de décider n’importe quoi pourrait être une piste envisageable, mais encore faut-il être capable d’ÉCOUTER, ce dont je doute de plus en plus sérieusement, malheureusement.
Il faut développer et investir au plus sacrant dans le domaine de ce qu’on a appelé l’intégration des TIC en éducation. Il faut développer une expertise de communication via les TIC, afin de ne pas former des illettrés du numérique ou des jeunes qui ont plein de connaissances techniques, mais aucune compétence dans le contenu ou dans la gestion de celui-ci… L’éducation est LÀ, ou devrait y être, et ce rapidement ! Mais à voir l’incompétence de certaines décisions fort questionnables, je me prends à penser que l’incompétence des uns engendrera l’incompétence chez les autres… De grâce, arrêtons de laisser tomber les deux dernières syllabes du mot com-pé-tence ! Il y a de l’avenir-même de notre société !
Et pour ça, ça prend un peu de vision, à moyen et long terme, ce dont beaucoup trop de décideurs actuels sont carrément incapables, obnubilés qu’ils sont par l’immédiat…