Oser la métamorphose (Mois de la Culture 2011)

Extrait d'un Prezi des élèves… ou comment métamorphoser ses pratiques, ses apprentissages, ses évaluations et, pourquoi pas, ses pensées et son être même !

Je me rappelle, quelque part dans le premier quart de l’année 2010, Nathalie Couzon (@nathcouz sur Twitter), une prof de français en prêt de service au MELS, m’avait approché afin de réaliser une activité pour le Mois de la Culture 2011 (page d’accueil ici), un projet annuel (depuis quelques années) du Ministère de l’Éducation (projet dont je ne savais rien parce que je m’abreuve généralement aux sources d’informations qui viennent à mon ordi, plutôt que d’aller moi-même voir un site AU CAS OÙ il y ait quelque chose d’éventuellement intéressant: vive ici les fils RSS que pas assez de gens connaissent et les autres outils de veille, dont Twitter, un outil de veille humaine où c’est notre réseau – des gens en chair et en os – qui nous alimentent… FIN DE LA LONGUE PARENTHÈSE !)

Pour le mois de la Culture 2011, le thème était, au départ, séduisant: oser la métamorphose ! Il y avait de quoi anticiper de belles réalisations 🙂 ! Par la suite, nous avons convenu des modalités de réalisation du projet, après que Nathalie eut déniché une conteuse (Voir mon billet ici), Ariane Labonté (le site d’Ariane et sa page Facebook), qui est venue apporter l’élément unifiant qui a fait le fil (d’Ariane!) conducteur de ce projet en quelque sorte.

À partir d’une thématique que j’abordais chaque année avec mes élèves, et ce, depuis plusieurs années, soit les changements climatiques et la protection de notre environnement en général, Nathalie a élaboré une suite d’activités où les élèves ont pu sortir des moules généralement établis qui prévalent dans une école plus traditionnelle ou uniforme (ou encore uniformisée par l’évaluation – j’exagère un peu ici, car l’activité sur les changements climatiques avait déjà été un peu transformée, chaque année un peu plus, entre autres sur ma défunte plateforme Ning !)

Nous avons donc pu laisser plus de place à la créativité de chacun, après avoir revu certaines notions ensemble sur les textes courts, slogans, courts poèmes et autres, après la rencontre charnière avec Ariane aussi, qui a su faire s’extérioriser les pensées de chacun concernant notre propre environnement, etc.

Élèves au travail - Priori-TerreAinsi, les élèves ont réalisé, en équipe, tout en intégrant* les TIC, une présentation Prezi, une sorte de “logiciel en ligne”, à être utilisé pour des présentations originales, plus dynamiques qu’avec le traditionnel et souvent trop omniprésent PowerPoint. Pour travailler en équipe, les élèves utilisaient ce que je peux appeler l’EtherPad du RÉCIT, baptisé EPad – grâce à la collaboration de Pierre Lachance du RÉCIT (J’avais écrit un billet là-dessus ici): les élèves ont donc pu découvrir ce qu’est une véritable collaboration, où chacun travaille, et où on voit au sens propre le travail de chacun (historique inclus). Comme outil de prise de notes collectives, de co-construction de texte et de collaboration, c’est dur à battre. Il reste juste à le faire connaitre et à répandre son usage, quoique les recettes miracles ou les solutions uniques existent rarement sinon jamais… ou ne conviennent pas à tous.

Ainsi, selon les mots d’André Roux (un autre très important collaborateur dans ce projet), nous avons pu voir se construire une mosaïque littéraire, et même voir les élèves en devenir partie prenante. Voilà une belle métamorphose, apportée entre autres par la collaboration de tous.

Au cours du projet, il était plus qu’intéressant de voir les élèves se plonger dans la tâche à accomplir, parfois à un point tel qu’ils en oubliaient ces cloches si chères à Pavlov ! Que voilà une belle occasion pour eux d’apprentissages signifiants, de prises de conscience et d’investissement personnel… On avait ainsi la preuve qu’en métamorphosant nos pratiques, nous pouvons aussi métamorphoser celles des élèves.

Étincelle de départ
www.collaborativespark.com

Dans ce projet, il y a donc eu l’étincelle de départ, donnée par l’enseignant et la chargée de projet, puis la rencontre, la prise de conscience, l’utilisation d’outils nouveaux et la réalisation, le tout dans un climat de collaboration omniprésente : cette collaboration qui est la clé de la réussite de tels projets, et aussi un gage de réussite pour l’avenir de l’éducation ! Pour paraphraser Catherine Lapointe dans sa vidéo sur Clair2011, les jeunes sont prêts pour cette collaboration, mais les autres acteurs de l’éducation le sont-ils ?

Une métamorphose s’impose pour l’avenir de l’éducation et celui de nos élèves. Y plonger une fois nous fait désirer une transformation permanente… et suscite bien d’autres projets du genre !

En terminant: quelques liens à consulter :

Les présentations Prezi réalisées par les élèves pour ce Mois de la Culture 2011:

1234567

La vidéo tournée par l’équipe du MELS, lors de la réalisation du projet.

Quelques excellents billets sur le projet :

celui de Nathalie Couzon

celui d’André Roux

Les autres vidéos tournées dans d’autres projets dans d’autres matières scolaires, pour le Mois de la Culture 2011 sont ici.

Et enfin, mes autres billets écrits en lien avec ce projet (à l’époque où il ne fallait pas mentionner la thématique, ni les mots Mois, Culture, 2011 ;-))

sur EtherPad et l’écriture collaborative (voir aussi quelques notes prises pendant l’atelier que Nathalie et moi avons animé à Clair2011 sur ce sujet.

-sur la visite de la conteuse Ariane Labonté dans le groupe au printemps 2010.

Temps perdu … à compter le temps

CartePunch…ou la carte-à-punchisation des profs 🙁

Ça fait longtemps que le sujet me fait rager, qu’il me dérange profondément de par son absurdité fondamentale, et que, si le ridicule tuait, il serait mort et enterré depuis sa naissance au moins…

Je parle ici de l’entourloupette nationale qui fut un «cadeau» reçu avec une supposée équité salariale obtenue, supposément de force, et avec un bonheur béat de remerciement au bon gouvernement pour faveur obtenue, etc. Quelle faveur ? Je ne suis pas sûr qu’on ait reconnu ce à quoi nous avions vraiment droit. Des ententes alambiquées au superlatif comme ça, on pourrait s’en passer. Quel ri-di-cu-le.

Trêve de préambule, voici ce pourquoi j’enrage chaque année…

Une fois toutes les tâches attribuées aux enseignants, soit l’enseignement comme tel (les cours qu’on donne), les ATÉ (Autres Tâches Éducatives – en présence d’élèves), les TCO (Tâches COmplémentaires – appels aux parents, comités sur lesquels siègent des enseignants, réunions, etc.), sans compter les heures reconnues – mais qui doivent être faites à l’école, sauf les 8 dernières heures pour un total de 40h – de TNP (Travail de Nature Personnelle – lectures, préparations de cours, corrections, etc.), une fois toutes ces tâches attribuées, en nombre de minutes par semaine ou par cycles de 9 jours, selon l’horaire suivi, il nous faut sombrer dans le ridicule d’entrer dans un horaire fixe des tâches à durées variables, qui surviennent la plupart du temps – sauf pour les cours – à des moments variables et d’intensité tout aussi variable !!! La jungle des chiffres décortiqués, des calculs de quantité de non-sens au cube, etc. Et le temps que l’on prend pour remplir et calculer n’est pas reconnu ni déductible, un coup parti dans le ridicule !!!

En plus, les abréviations et autres acronymes peuvent varier d’une CS (Commission scolaire) à l’autre, ou d’une école à l’autre peut-être même…

Au secondaire, nous avons en moyenne ceci :

Enseignement (Autrefois appelé le “A”) : 24 périodes de 75 minutes par cycle de 9 jours. En fait, la véritable moyenne doit se situer à exactement 24,6, budgétairement parlant, pour les administrations des écoles, de sorte que certains enseignants ont 25, 26 ou 27 périodes de cours au lieu de 24.

ATÉ (Autrefois appelé le “BCD”, qui complétait le “A”) : 4,8 périodes par cycle de 9 jours. (Ou moins, si l’enseignant dépasse 24 périodes de cours: le total A + ATÉ doit donc être de 28,8 périodes par cycle de 9 jours exactement !)

TCO: 10,08 périodes par cycle de 9 jours, dont 4,08 reconnues pour accueil et déplacement, etc.

TNP: 7,2 périodes par cycle de 9 jours pendant 22,22 cycles ou 5 heures par semaine pendant 40 semaines. De ce 7,2 périodes, on doit en entrer 6,2 dans l’horaire, car 1,0 période/cycle est reconnue pour les rencontres de parents aux bulletins, les rencontres de niveaux (10 rencontres par année).

Au total, donc, l’enseignant est réputé travailler 46,08 périodes de 75 minutes par cycle de 9 jours ou, si l’on veut, 32h par semaine à l’école. (La majorité fait plus que cela, c’est d’une évidence même, mais il faut calculer tout ça quand même et l’entrer dans un horaire tout aussi fictif, car il correspond très rarement à la réalité.)

À cela s’ajoute 8 heures par semaine de TNP reconnu pour être fait à la maison. (En cette ère où le télétravail est de plus en plus répandu, il apparait quand même un peu (!) anachronique de comptabiliser le TNP fait à l’école et celui fait à la maison: distinction bien inutile à mon avis !)

Tout le reste doit être fait à l’école obligatoirement. Ne manque que la carte à punch !

Toutes ces heures doivent être passées à l’école pour prouver ainsi qu’on mérite d’avoir le salaire désormais équitable. Lors des négociations de cette équité (quel drôle de concept), les enseignants avaient été invités à faire la preuve qu’ils travaillaient environ 40 heures par semaine au total, car les profs, ça fait bien plus que donner des cours. Et bien plus aussi que les préparer et faire les corrections des piles de travaux tout au long de l’année…

Là où le bât blesse, c’est que la très grande majorité des enseignants se donne généreusement à l’ouvrage et qu’à chaque fois qu’on tente de comptabiliser ce coeur qu’on met à l’ouvrage, l’effet en est un de grande démotivation… S’il y a quelques enseignants qui ne se forcent pas, les directions ont simplement à les avertir, les encadrer, eux. Pour le reste, c’est une insulte à notre professionnalisme, une logique “ouvrière” (probablement héritée des syndicats des années 1960 ! – Je n’ai rien contre les ouvriers ou les usines, mais l’école n’est PAS une usine, tout simplement, quoique parfois, à la regarder, on pourrait la confondre avec une usine à notes, ou à résultats à entrer dans un éventuel palmarès !!!)

Un autre élément irritant au maximum, ce sont les quelques congés de maladie que plusieurs prennent pour, entre autres, corriger les interminables piles de travaux d’élèves. Déjà cette réalité, juste comme ça, est un pur non-sens en soi. Je connais des enseignants qui seraient prêts à monnayer ces congés de maladie, comme ça se fait ailleurs et comme ça s’est déjà fait en enseignement avant 1996. Cette année-là, on a aboli la monnayabilité des congés de maladie pour les enseignants permanents (Les précaires, vu la fin de leur contrat, se voient monnayer ces congés en juin, puisqu’ils n’ont plus de lien d’emploi avec la CS), les congés étant, après une soustraction d’une journée, versés dans une banque qu’il sera éventuellement possible d’écouler un jour… Pour avoir déjà vu des gens dans ce système-là il y a près de 20 ans, qui voulaient écouler une demi-année accumulée, voire plus, se faire refuser un tel “congé”, les profs se disent que les règles auront bien le temps de changer 3 fois avant que la retraite n’arrive, de sorte qu’on perdra sûrement cette banque, etc., de sorte qu’ils prennent au fur et à mesure ces congés, chaque année.

Là où le ridicule tue (!), c’est lorsque l’on applique l’horaire “fictif” mentionné plus tôt à cette banque de congés. Un enseignant qui est absent pour donner son cours doit être remplacé, normal ! Un enseignant voit à la préparation des périodes où il s’absente, à moins d’un grave accident sur le chemin du boulot ou d’une maladie subite, etc. Sinon, pour un rendez-vous médical, par exemple, la période se planifie. Les autres tâches, comme les ATÉ, TCO ou TNP, sont reprises à d’autres moments dans la semaine ou le cycle de 9 jours; encore là, normal, car il faut bien que “la job se fasse” d’une manière ou d’une autre ! C’est lorsqu’on coupe une demi-journée pour une seule période de cours que l’illogisme apparait: situation d’autant plus questionnante pour une demi-journée où l’enseignant n’aurait rien d’inscrit à son horaire, autre que la période de cours… Etc. Vous voyez le genre de manque de logique 101…

Bref, si on se met à baliser trop de détails juste pour satisfaire Pierre, Jean, Jacques, son père et sa mère, on arrive rapidement à ce genre d’illogisme institutionnalisé.

Alors,

  • qu’on laisse donc les enseignants enseigner et faire apprendre leurs élèves en les plaçant dans des situations d’apprentissages pertinentes et signifiantes,
  • qu’on laisse donc les enseignants travailler de façon professionnelle et autonome sans les encadrer avec des trucs alambiqués, ridicules ou simplement infantilisants,
  • qu’on laisse donc les enseignants passionnés se développer et faire se développer leurs élèves au rythme des passions de chacun,
  • et qu’on encadre les quelques uns qui restent !

Merci !

P.S.: Ah oui, j’ai oublié de mentionner, pour les chiâleux de ce monde, que les profs sont payés seulement 200 jours par année, mais que, depuis la fin des années 1990, le tout est réparti sur 260 jours, de sorte que les profs moins prévoyants reçoivent un montant (déjà travaillé) pendant leurs «vacances» d’été qui se trouvent, techniquement, à être à leurs frais… Alors mieux vaut en être informé également avant de conclure trop rapidement 😉 !

Évolutions – Révolutions – Que choisir ?

Vendredi soir dernier, se tenait à Québec un TweetUp Édu (TweetUp = réunion de gens présents sur Twitter, mais réunion en personne, généralement autour d’une bière ou autre breuvage du genre, dans un lieu où l’on peut discuter tranquillement de choses et d’autres, refaire le monde à l’occasion, échanger en temps réel tout en mentionnant quelques trucs au clavier, car après tout, les “twitteux” sont un peu hyperactifs du clavier, non ? / Édu, quant à lui, signifie Éducation / Donc, au final, une réunion de twitteux qui oeuvrent en éducation pour la plupart, ou qui s’y intéressent grandement…)

okpoint-vert_vhnPersonnellement, je n’ai pas pu assister à ce TweetUp au cours duquel, étrangement, presque personne n’a tweeté/gazouillé, ce qui est quand même un peu-beaucoup étrange pour une réunion de twitteux, non ? Mais bon, passons, car là n’est pas l’essentiel de mon propos, même si, quand je ne peux assister à un tel événement, j’aime bien avoir une trace, un feedback, un compte rendu, via Twitter, ce que j’essaie toujours de faire moi-même au cours de colloques ou autres non-conférences, comme quand j’ai assisté à Clair 2010, Génération C, etc. L’enrichissement peut alors être mutuel, collectif au sens encore plus large, etc. Plus on est nombreux à discuter, plus ça peut devenir enrichissant, non ? Etc.

Mais là où je veux en venir, c’est à propos d’un début de discussion qui s’est passé non pas sur Twitter, mais chez une amie Facebook qui, comme moi, ne pouvait assister au TweetUp de vendredi dernier.

Comme moi, elle s’est informée en posant des questions, car elle ne voyait presque rien qui transparaissait de ce TweetUp. Puis quelqu’un est arrivé avec un mini-compte rendu d’une discussion sur le système d’éducation qui aliènerait en quelque sorte l’Éducation en général… Disons que ce commentaire Facebook était simplement un résumé très succinct d’une discussion qu’il aurait été intéressant de suivre  en temps réel et que nous devrons sans doute faire à notre tour, nous les absents de vendredi… (Tout ça pour dire que, bien qu’il me manque beaucoup d’éléments de CETTE discussion en temps réel de vendredi, on a quand même pu discuter parallèlement sur Facebook le lendemain !)

Face à ce truc d’aliénation de l’éducation en général, je me permets d’avoir des réserves face à toutes ces révolutions-bulldozers qui ont tendance à trop «tout démolir» pour tenter de rebâtir à partir de rien. «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme», dit la phrase consacrée. «Il y a toujours place à l’amélioration» est une phrase que j’aime bien prononcer régulièrement, mais de là à toujours tout démolir pour améliorer, il y a un ou plusieurs pas que je ne peux pas franchir. D’un autre côté, il est évident que la théorie des petits pas permet parfois de se satisfaire (ou de se complaire) de trop peu d’évolution, mais je pense que de passer le bulldozer trop souvent ne permet pas d’évoluer non plus. Bref, il y a un équilibre entre l’évolution trop linéairement graduelle et la tabula rasa ! On doit parfois gravir de petites marches et parfois de plus grandes, dans cet escalier de l’évolution qui est tout, sauf une ligne droite du genre “autoroute américaine” !

Le commentaire que je faisais en substance dans la discussion chez mon amie Facebook était le suivant: c’est un peu comme si on avait affaire à un cercle (quelque chose de parfois cyclique, peut-être, je ne sais pas d’où est sortie cette forme géométrique de mon esprit ;-)). Dans un cercle formé par une ligne droite (ou une ligne du temps) recourbée, deux extrêmes sont en fait le même point. Donc, vouloir le statu quo ou vouloir tout jeter par terre et repartir à zéro (deux extrêmes) peut finir par équivaloir au même point sur ce cercle… Alors l’équilibre se situe donc sûrement entre les deux, ce qui nous laisse tout le reste du cercle pour évoluer, créer, imaginer un lendemain meilleur, etc.

Bien sûr, l’évolution seule ne suffit parfois pas, il faut parfois ajouter un R, même minuscule, et alors parler de r-évolution… Je l’ai dit, la ligne droite insipide correspond rarement au réel, alors l’évolution n’est pas linéaire elle non plus. Il peut y avoir des soubresauts… Parfois, il peut même arriver qu’on recule pour mieux rebondir vers l’avant par la suite, mais il faut être vigilant dans ce genre d’exercice, comme société, si on veut éviter les écueils de la nostalgie faussement salvatrice, mais vraiment conservatrice !

Par la suite, l’amie Facebook me faisait remarquer que le TweetUp se passait au Cercle… et qu’un cercle qui avance effectue des révolutions… Ayayaye !!! On n’est pas sorti de l’auberge 😉 !

Un cri du coeur

Hier soir, une amie me fait part de l’agression qu’a subie son fils à son école primaire. Triste événement comme il s’en produit malheureusement trop dans une seule journée… Pour son fils, c’est une énième épreuve, puisqu’il y a déjà eu pareils événements, le tout durant depuis plusieurs mois.

Que faire pour que cesse cette violence insensée ? Que faire à part crier sa douleur ?

Voici un cri du coeur écrit par cette mère à qui j’ai offert humblement de publier ici, pour laisser des traces et pour que de plus en plus de gens prennent conscience de l’urgence d’agir... Pour partager sa douleur, aussi…

munch_TheScream

Je suis tombé par terre, c’est la faute à…

De Gavroche, aujourd’hui, mon fils avait l’air dépenaillé : culottes déchirées, mine défaite, visage couvert de larmes. Pourtant, il n’était pas monté aux barricades, brandissant l’étendard rouge de la Révolution. Il n’avait pas défendu de grands principes comme l’égalité, la liberté ou encore la fraternité. Non, il s’était contenté comme tout jeune Québécois de dix ans d’aller à l’école et d’y aller pour en revenir plus instruit, plus socialisé et plus qualifié[1]. Il l’avait fait avec sa bonne humeur et sa naïveté naturelles, persuadé comme chacun de ses camarades de classe qu’il n’y avait rien de risqué, rien de dangereux là.

Et pourtant, ce soir, c’est les hanches couvertes d’ecchymoses, c’est la douleur dans le corps et dans l’âme, c’est l’air triste et abattu qu’il est sorti de l’école, clopinant sur une jambe et grimaçant à chaque fois qu’il posait le pied par terre! Comment ça? Pourquoi? Que s’est-il passé? Il s’est fait agresser. Simplement. Gratuitement. Sans aucune raison sinon d’avoir attrapé un ballon à la place d’un autre. Ce même autre qui, il y a six mois, le rouait de coups de pieds dans le ventre parce qu’il lui avait coupé le chemin! Ce sera quoi la prochaine fois? Parce qu’il y aura fatalement une prochaine fois. Pas que je souhaite du mal à mon fils, vous pensez bien! Non, mais parce que je sais, et ça me fait un mal de chien d’écrire cela, que ça recommencera, encore et encore, que ce soit mon fils la victime ou un autre enfant.

Il y en aura toujours un pour se croire plus fort, pour se croire tout permis, pour violenter un plus petit, un plus doux, un plus inoffensif, parce qu’il n’y a jamais de véritables actions qui sont posées contre ces bourreaux en culottes courtes. Il y a le laxisme des éducateurs, le laxisme des parents, le laxisme de la société qui banalisent les gestes violents, intimidants, harcelants et destructeurs.

J’en ai plus que marre d’essayer de convaincre mon fils de mettre en pratique les cours de karaté que je lui ai payés il y a deux ans et de se faire justice lui-même parce que j’en suis rendue là aujourd’hui, parce que je suis tellement écœurée que ça tombe toujours sur lui que j’en viens moi aussi à prêcher la violence!

La première fois, je me disais et je lui disais : «Ne leur prête pas attention.  Sois plus intelligent qu’eux. Ne tombe pas dans ce piège. Ne réponds pas à leurs attaques. Plains-toi aux adultes responsables. Blablablabla…. » Et puis c’est arrivé une deuxième fois, et puis une troisième, et encore, et encore…

Alors fini les belles paroles, fini la gentillesse, fini la compréhension, fini les plaintes! Fini, F-I-N-I ! Demain, si la direction de l’école de mon fils ne me prouve pas que des gestes concrets, tangibles, réels, efficaces, seront posés pour que la situation change, pour que les petits bums de l’école soient rendus conscients et comprennent enfin qu’ils ne peuvent pas continuer impunément à se comporter comme des cow-boys du far-west, sans foi ni loi, je monterai moi-même aux barricades et je brandirai le drapeau rouge de la Révolution, rouge du sang de mon enfant, rouge comme mon cœur de mère qui saigne, rouge comme ma colère qui gronde en dedans, rouge comme le soleil sur l’horizon en espérant qu’il verra un jour meilleur se lever.

Nathalie Couzon, 20 septembre 2010


[1] Voir les trois missions de l’école québécoise  « L’école a une fonction irremplaçable en ce qui a trait à la transmission de la connaissance.[…] Dans une société pluraliste comme la nôtre, l’école doit être un agent de cohésion : elle doit favoriser le sentiment d’appartenance à la collectivité, mais aussi l’apprentissage du «vivre ensemble». […] L’école a le devoir de rendre tous les élèves aptes à entreprendre et à réussir un parcours scolaire ou à s’intégrer à la société par la maîtrise de compétences professionnelles. http://www.mels.gouv.qc.ca/reforme/pol_eco/ecole.htm

EtherPad du RÉCIT – expérience EPad

À la demande de quelques personnes, j’écris ce billet relatant une expérience menée avec un de mes 4 groupes d’élèves.

Comme beaucoup le savent, le service EtherPad.com, un logiciel en ligne permettant à plusieurs personnes d’écrire sur une même page simultanément et en temps réel ou pas, a été racheté par Google qui, avec ses GoogleWave et autres Buzz, essaie d’avoir une présence certaine (et/ou un certain contrôle ?) dans le monde de l’édition collaborative en temps réel. J’avais testé EtherPad.com pendant le colloque Clair2010 (Lien ci-contre) et j’en avais été enchanté.

Pour ce qui est de EtherPad, comme le code source était libre, Pierre Lachance du RÉCIT (un réseau pour l’intégration des TIC en éducation au Québec) a décidé d’implanter ce code source sur un serveur dont il dispose: le service est ici. Pour l’instant, on en est à la phase des tests: on se sent un peu pionnier quand on fait travailler ses élèves là-dessus, car il faut s’organiser pour que le serveur ne soit pas surchargé par d’autres activités du RÉCIT, etc., ce à quoi Pierre veille de façon très efficace, en autant qu’il connaisse les dates où mes 30 élèves prennent le serveur d’assaut 😉 !

J’ai su entre les branches que, dans un futur plutôt proche, l’intention est d’implanter le service sur un autre serveur qui permettra à plus de gens d’utiliser le service simultanément, etc. Bref, les expériences menées démontrent facilement que le service peut-être très efficace pour l’écriture collaborative et qu’il fait réaliser des apprentissages aux élèves, en plus de leur procurer un outil motivant ! Le RÉCIT doit donc se pencher sur ce sujet, budgétairement parlant aussi 😉 !

L’expérience de mes élèves: qu’en est-il plus précisément ?

Nous (Nathalie Couzon et moi) avons décidé de greffer l’outil EPad du RÉCIT à un projet que nous poursuivons et dont j’ai déjà parlé dans ce billet, car il nous semblait naturel que les élèves se servent de cet outil pour collaborer. Ainsi, mes élèves avaient à choisir des mots, des mots porteurs de sens (au pluriel!), des mots à choisir méticuleusement, car ces mots servent par la suite à l’élaboration de courtes phrases-chocs, de très courts textes aussi, qui seront intégrés à une présentation plus visuelle dans un deuxième temps (31 mai au 7 juin 2010).

Tout le travail sur les mots, l’élaboration des phrases et des textes courts, s’est fait sur EPad. Au début, les élèves avaient tendance à effacer généreusement les idées qu’ils jugeaient non pertinentes, au grand dam de celui ou celle qui avait eu cette idée. Ils ont appris, et nous avons assisté en direct à cet apprentissage, le respect de l’idée de l’autre et comment faire avancer une idée lors d’une discussion en ligne.

Par la suite, le climat collaboratif s’est installé de mieux en mieux, générant ainsi un intérêt tel que les élèves en oubliaient la fin du cours. N’eut été du rappel qu’on leur a alors fait de sauvegarder leur précieux travail, ils auraient continué plusieurs minutes, ignorants les bruits ambiants dans le corridor 😉 !!!

Quelques considérations techniques :

EPad est donc un gros bloc-note qu’on peut utiliser à plusieurs simultanément, en temps réel ou non. En temps réel, il arrive qu’Internet Explorer (seul navigateur installé à mon école 🙁 ) cafouille, car ce logiciel archaïque et sur-patché en arrache parfois beaucoup avec le temps réel, obligeant les élèves à recharger manuellement la page… Tous ceux qui peuvent installer ou faire installer Firefox auraient donc intérêt à utiliser ce navigateur plutôt que la cochonnerie (désolé, je suis sincère) de Microsoft !

L’autre “heureux problème” est que ce même temps réel oblige à avoir un serveur assez performant, ce que Pierre pourrait préciser ici, car ce genre de détails techniques m’échappe complètement, dois-je ici avouer humblement ! (Merci Pierre de commenter s’il y a lieu, afin de permettre à d’autres d’utiliser cet EPad sur leur propre serveur – ou encore de placer un lien qui mène vers ta documentation).

Un autre petit problème mineur vécu fut l’intrusion de quelqu’un dans le travail d’une équipe: tout était resté ouvert afin de faciliter la connexion par tous les élèves sans avoir à entrer d’adresse courriel ou de se créer un compte. Je n’ai pas réussi à retrouver cet intrus, mais disons que ses traces furent vite effacées par les membres de cet équipe, insultés par les propos imbéciles de l’intrus.

Un aspect intéressant pour le prof est l’historique auquel on a accès, qui rend compte de toutes les traces à tout moment. Ainsi, on peut voir qui travaille beaucoup et qui se laisse plus porter par le travail des autres membres de l’équipe ! Car, même dans ce groupe d’élèves, il y en a quelques rares…

Comme EPad est limité à du texte, quelques élèves voulaient se laisser les références d’images trouvées pour agrémenter la présentation à être élaborée pour la suite du projet. Ils ont donc dû se laisser uniquement l’hyperlien, ce qui est déjà beaucoup pour le travail à faire cette semaine !

J’ai hâte à la suite: la suite de notre projet, mais aussi la suite de l’offre de service EPad, car je sais que plusieurs personnes travaillent là-dessus. Merci donc à toutes ces précieuses ressources du RÉCIT qui sont des gens vraiment au service de l’éducation et qui nous aident beaucoup. Je pense ici à Pierre, bien sûr, mais aussi à André Roux avec qui je suis en contact Skype pendant les périodes EPad de mes élèves 🙂

Je termine avec une citation Twitter d’André: «Les élèves de @slyberu (mon nom Twitter) en utilisant ePad n’ont pas seulement créé une mosaïque littéraire… ils sont devenus partie intégrante de celle-ci.»