Ça y est, la première semaine se termine. Au début, il y eut les traditionnelles retrouvailles où on en profite pour jaser un peu, surtout avec les collègues qu’on voulait revoir (pas tous, car impossible avec plus de 200 personnes qui oeuvrent dans la même école), prendre quelques nouvelles, etc. On a aussi pu faire de même avec d’autres collègues de la Commission scolaire lors de la rencontre de “fraternisation” organisée par la CS. Rencontre qui, dans mon cas, se termine souvent par un souper au resto avec quelques collègues intéressés par ce genre de rencontre sociale où on parle d’école, mais aussi d’autre chose : moments agréables de la rentrée. 🙂
Ce fut aussi la semaine des planifications, par bribes, entre les souvent nombreuses réunions (pas trop pire dans mon cas cette année). Planification avec ma collègue immédiate : travail agréable, car on est facilement sur la même longueur d’onde et les tâches se distribuent bien entre les deux personnes.
Ce fut aussi la semaine des réunions. Certaines dites “de cuisine” où on doit régler des détails d’organisation scolaire : normal, mais parfois lassant. Parfois utile aussi, mais pas toujours. La routine, quoi. D’autres réunions où nous avons pu échanger rapidement sur les projets qu’on a déjà faits ou qu’on souhaite faire : intéressant partage, mais menace obscure potentielle de compétition malsaine qui est constamment sous-jacente entre certaines personnes : dommage. Certains diront que je fabule, mais la réalité finit toujours par rattraper les fictions ou la fabulation un jour ou l’autre. Le modèle collaboratif est LOIN d’être implanté dans les mentalités de tous.
Certaines de ces réunions furent décevantes pour certains (selon les témoignages entendus – parfois “de loin”)…
Une chose est sûre : j’ai été à même de constater que l’uniformisation est encore et toujours reine et maître dans notre système d’éducation. Qui dit système dit souvent bureaucratisation, au moins partielle, et donc, uniformisation… On aime les ENT uniformes, corporatifs (ou corporatistes?), plutôt que les espaces où la créativité peut s’éclater ! Un système encore beaucoup trop centré sur l’évaluation finale, l’examen, sur les résultats plutôt que sur les apprentissages. C’est tellement ancré dans les mentalités que ça prendra des décennies avant de sortir de ce cercle vicieux… J’ai même entendu, à propos d’une “partie de matière” à voir : «De toutes façons, ils ont un E-XA-MEN sur ÇA, c’est dans l’E-XA-MEN, donc ça finit là, point final, ok?». Fin de la discussion, cul-de-sac obligatoire. Ça servait absolument à rien de discourir sur les apprentissages à réaliser, etc. Le renouveau pédagogique, supposément plus centré sur les apprentissages plutôt que l’évaluation dite sommative (ou assommante, c’est selon, presque même racine de mot, non?…), c’est un concept, donc c’est abstrait et ça ne fait pas vraiment partie de l’enseignement. C’est une utopie pour des fabulateurs ou fabulistes, des trippeux de théories, des mangeurs de mots qui se régalent de ces abstractions… Voilà donc ce que DOIT être un VRAI système d’éducation… Des connaissances, puis des examens, avec des résultats, chiffrés en plus de ça, même si le chiffre est une abstraction par rapport à la réalité des apprentissages en cours.
–Dis-moi COMBIEN vaut mon enfant, pis sacre-moi patience avec le reste, bon !
–Dis-moi COMBIEN vaut mon école au palmarès, pis sacre-moi patience avec tes demandes budgétaires au nom d’une pédagogie xyz…
Bien sûr, j’ironise un peu et j’exagère aussi, mais parfois si peu ! La réalité, c’est que les changements, surtout de paradigmes, en profondeur, s’effectuent très très lentement, llleeennnttteeemmmeeennnttt……… D’ici ma retraite, dans plus de 20 ans, je ne verrai pas le bout du tunnel avec la p’tite lumière, même si mon espoir a encore la teinte presque verdâtre d’une veilleuse faiblissante à 100km de distance…
Quand je vois des projets comme celui-ci (lisez les 3-4 derniers billets, et les autres qui suivront), je me dis que les éléments de solution sont peut-être là pour certains. Pour les autres, je désespère parfois, comme ce soir.